Quand on me demande pourquoi j’ai fondé Comme des filles Productions, je débute souvent ma réponse en critiquant le milieu de la télévision.

Pendant les fêtes, j’ai lu Au pays du désespoir tranquille de Marie-Pierre Duval, qui raconte l’histoire d’une recherchiste évoluant dans le monde de la télé. J’ai trouvé qu’elle décrivait assez justement ce qui m’avait dérangé du milieu : être à la merci de l’humeur de l’un, de l’ego de l’autre, le fake, le vide, la game. Lisez et vous comprendrez.

Ceci dit, j’y ai côtoyé des gens formidables et, heureusement, j’ai quitté avant d’avoir croisé les plus exécrables. En 2010, je n’avais pas le courage de leur cracher mes papillons au visage, parce que tsé, le papillon #commedesfilles n’existait pas et le mouvement #metoo était chose du futur. 

Comme des filles Productions s’est donc avéré être la solution de ma fuite. Je dis fuite, parce qu’il m’arrive encore de rêver que j’anime un show comme Parler pour parler avec Janette Bertrand et d’être invitée à l’émission En direct de l’univers. J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour France Beaudoin. J’apprécie son humilité. Et j’ai une playlist qui ferait un bon spécial deux heures. Je connais toutes les paroles de chansons par cœur et je pleure vraiment facilement. De quoi donner un bon show. En tout cas.

En attendant, je joue à Devine the sogne avec mes ami.es et ma famille, j’ai du fun pis je clenche pas mal tout le monde. 

Une vie assez tranquille. Bref, rien qui ne me vaille le titre de personnalité…

Parlant de personnalité, une fois, sur un groupe Facebook dédié au milieu télévisuel, on cherchait des gens vivant en communauté. Je me suis sentie interpellée! Je vis dans un duplex partagé avec la famille de mon frère et la mienne. J’apprécie grandement ce mode de vie et j’en suis tellement fière que je me suis manifestée, mais on m’a rapidement répondu et de façon très brève ceci : « Désolée on cherche une personnalité. ». 

Il me semblait que les quatre adultes et les quatre enfants vivant chez moi avait ça, une personnalité, mais coudonc.

Antidote donne ceci comme première définition du nom féminin personnalité :

Ensemble des comportements, des attitudes, des motivations qui constituent l’individualité, la singularité de chaque être humain.

Plus loin, vient celle-ci : Personnage important.

Me fiant à la première définition et essuyant mon refus devant l’opportunité que j’avais vue de passer à la TV, j’oserais affirmer qu’à Comme des filles Productions, on en croise à chaque tournage, des personnalités. C’est d’ailleurs ce que je préfère dans mon travail, parler pour parler et écouter ce qu’a à raconter cette belle diversité de gens occupant différents métiers.

Malgré que je sois très consciente de nos forces et de ce qui m’allume professionnellement, quand on me demande en quoi Comme des filles Productions innove, je ne sais jamais vraiment quoi répondre. Je suis également plus ou moins douée pour jouer la game des relations publiques. (Je vous l’ai dit, ma game pref, c’est Devine the sogne.) 

La première réponse qui me vient en tête spontanément est donc du genre : « Rien de très nouveau. On fait de la vidéo comme à peu près une personne sur quatre à Montréal et en plus, on n’a pas vraiment de personnalité. Engagez-nous! ».

Un excellent pitch de vente.

Cependant, quand je prends le temps de réfléchir à une réponse (ce que notre ère postmoderne ne nous donne pas souvent la chance de), je me rappelle cette phrase de la célèbre juge américaine Ruth Bader Ginsburg :  

Fight for the things that you care about, but do it in a way that will lead others to join you.

Ben voilà. C’est ça. Avec Comme des filles Productions, à travers la création de vidéos, je dirais qu’on fight for the things that we care about et qu’on essaie fort de le faire in a way that will lead others to join us. 

I am so bilingue. (Un grand atout pour jouer à Devine the sogne, by the way).

Je nous souhaite d’avoir la force et le courage de cracher des papillons encore longtemps.* 

C’est mon espoir tranquille.

* PS : Peu importe votre milieu de travail, s’il vous semble à la merci de l’humeur de l’un et de l’ego de l’autre, on vous invite fortement à cracher des papillons vous aussi. Oui, please join us.